Début des travaux d'effacement du barrage de Pontécoulant

Vue aérienne du barrage de PontécoulantL’ouvrage de Pontécoulant se situe sur le cours de la Druance, un affluent du Noireau lui-même affluent de l'Orne, au cœur d’une vallée remarquable classée Natura 2000 (pour les espèces Chabot, Lamproie de planer, Ecrevisses à pieds blancs, Saumon Atlantique). L'ouvrage de Pontécoulant est actuellement considéré comme prioritaire et classé au titre de l'article L214-17 du Code de l'environnement (listes 1 et 2).

Les travaux envisagés s’inscrivent dans une perspective de restauration de la continuité écologique ambitieuse puisqu'ils prévoient l'effacement complet de la digue et du plan d'eau. Au regard de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE), la Druance est en objectif « bon état écologique en 2015 ».

Cette opération de restauration de la rivière a ainsi un intérêt en termes de reconquête des fonctions écologiques majeures de l’écosystème qui est aujourd’hui gravement perturbé par l'obstacle du plan d'eau, largement envasé. D’autant plus que cet ouvrage n'est aujourd'hui plus fonctionnel pour l'alimentation en eau potable, usage qui est à l'origine de sa création.

Le barrage de Pontécoulant, un mur infranchissable au milieu de la vallée

Le barrage, situé à proximité du château de Pontécoulant, est propriété de la ville de Condé-sur-Noireau qui l’a fait construire en 1963. Aujourd’hui, la retenue de Pontécoulant n’a plus sa vocation de soutien à l’alimentation en eau potable de Condé-sur-Noireau (5 600 habitants). Cette ressource a été remplacée par des prélèvements d’eaux souterraines, moins vulnérables aux pollutions et en quantité suffisante pour répondre aux besoins de la ville et de son secteur rural (environ 2000 m3 par jour).

Site du barrage de Pontécoulant de 1955 à 2010

Barrage avant travaux, vue depuis la rive gauche

Vue aval de l'ouvrage de décharge (Vannages à clapets)Réalisé en travers du cours d’eau, le barrage se compose d’une digue longue de 200m sur 5,75m de haut et d’un ouvrage de décharge. Ce dernier, constitué d’un pertuis bétonné muni d’une vanne et de deux clapets fixés sur un seuil et équipés d’un automatisme de basculement, provoque une chute de plus de 3,5m. L’ouvrage a créé un plan d’eau qui atteignait à l’origine une surface d’un peu plus de 15Ha.

 

 


Cet ouvrage a engendré des dysfonctionnements sur le cours d’eau du fait de son positionnement en travers de la vallée. Citons notamment :
- La continuité écologique longitudinale qui n’est plus effective, que ce soit pour le franchissement piscicole ou le transit sédimentaire ;
- un piégeage des sédiments grossiers et fins qui colmatent la retenue. Le comblement par les vases issues de l'érosion sur le bassin versant a été estimé à 350 000m3 dont 63000m3 pour la partie aval encore en eau ;
- une faible lame d’eau et la diminution des vitesses d’écoulement entrainent une augmentation de la température, une évaporation excessive (les débits d’étiage du cours d’eau étant déjà très faibles) et une prolifération de phytoplancton ;
- baisse des teneurs en oxygène dissous liée à la fois à la hausse des températures et à la dystrophie, avec des conséquences pour la faune mais aussi en terme de services rendus par la rivière (épuration ...)
- une prolifération d’espèces piscicoles indésirables sur une rivière à salmonidés (présence de carpes, gardons, brèmes...)
- un effondrement de la diversité des faciès et donc de la biodiversité associée attendue pour cette typologie de cours d'eau (biodiversité théorique ayant justifié le classement des cours d'eau du bassin au titre de la directive européenne NATURA 2000,
- un effet « point dur » qui stabilise le profil en long en limitant les érosions verticales, mais diminue les érosions latérales et donc limite fortement les possibilités de divagation naturelle du cours d’eau.

Un projet ambitieux

Un projet de passe à poisson a été étudié en 2003, mais il est vite apparu comme non satisfaisant car ne laissant passer qu’une partie des espèces aquatiques, maintenant un plan d’eau déjà largement rempli de sédiments et surtout ne résolvant pas les problèmes cités ci-dessus (maintien de la retenue et de son cortèges d'impacts négatifs...). Ainsi, quand en 2010 la commune a pris connaissance d’une possibilité de financement important qui lui permettrait de se mettre en conformité avec la réglementation et de répondre aux divers enjeux environnementaux, elle a décidé de se lancer dans une nouvelle étude en vue de l'effacement de l'ouvrage.

En s'engageant dans l'effacement du plan d’eau et de sa digue et en replaçant la Druance dans l'un de ses lits originels, la commune prévoie la mise en œuvre d'un projet plus ambitieux que la seule réponse aux obligations "DCE et L.214-17". Elle bénéficiera pour cela d'un accompagnement financier à 100% de l'Agence de l'eau Seine-Normandie, pour un montant prévisionnel évalué à 1,7M€.

Pour ce faire, la commune s’est appuyée sur l’ensemble de ses partenaires : AESN, DDTM, ONEMA, FCPPMA, IIBO, CPIE des collines Normandes, CATER de Basse-Normandie (appui et une coordination rapprochées) qui l’ont accompagnée tout au long de ces années, tant dans la définition du projet que dans l’instruction des différents dossiers administratifs.

Phasage des travaux

Le projet arrêté et qui a fait l’objet de nombreux débats, discussions, a finalement été décomposé en deux phases :

1) La vidange

Les travaux consistent à démolir l’ouvrage mobile et le déversoir de décharge afin de permettre à la Druance une circulation sans entraves. Lors de la première phase, d’août à octobre 2014, l’ouvrage mobile a été retiré progressivement de manière à limiter le départ de sédiments actuellement bloqués dans la retenue et qui pourraient colmater l'aval.
Cliquer sur une image pour voir l'animation des travaux

 

 

 

 

Un suivi de la qualité de l’eau a été mis en place pour évaluer les éventuelles incidences du chantier sur le milieu. Des pêches de sauvegardes ont été réalisées, par la FCPPMA, afin d’éviter une mortalité excessive des poissons présents dans la retenue. Plus de 150 carpes ont été remises dans l’Orne.

Pêches de sauvetage (FDCCPMA)

Pêches de sauvetage (FDCCPMA)Pêches de sauvetage (FDCCPMA)

 

 

 

 

 

Amont du barrage en cours d'assèchement après abaissement des radiers de vanne

 

Plan d’eau vidangé, octobre 2014

Réalisation des travaux : Entreprise La Routière Perez

Maîtrise d'oeuvre : BET Cariçaie

Prises de vue : CATER de Basse-Normandie

 

 

2) La démolition

Dans un deuxième temps, au printemps 2015, les travaux consisteront à démolir entièrement la digue et à remettre la Druance dans son lit naturel en fond de vallée. Pour autant et en raison du coût et de la logistique que cela aurait représenté, la totalité des vases ne sera pas exportée: seul un lit majeur de plusieurs dizaines de mètres de large sera façonné avec des pentes douces dans le dépôt sédimentaire actuel, au sein duquel le cours d'eau pourra se redévelopper.

Le milieu va enfin retrouver ses qualités intrinsèques. La commune envisage de se donner les moyens de suivre l’évolution du milieu et des usages associés, d'évaluer les bénéfices sociétaux restaurés et pourquoi pas de développer le tourisme à moyen terme en mettant ce nouveau tracé en lien avec le château présent à l’amont.

Ci-dessous, état projeté

Comparaison avant et état projeté

Hélène LAÎNÉ

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